LE BILLET DE LA LIBELLULE – Episode 7

On écrit toujours pour quelqu’un »
C’est ce que dit Stéphane Belcourt, héros du sublime Arrête avec tes mensonges à la fin de son discours, dans les dernières minutes du film d’Olivier Peyron.
Stéphane est écrivain. Il est revenu à Cognac, berceau de son enfance pour remettre un prix viticole. Stéphane déteste Cognac, en fait il déteste la province qu’il juge étriquée. Mais surtout, Stéphane déteste ses fantômes, et particulièrement le souvenir de Thomas,
son premier amour. Inlassablement, il écrit à travers ses livres à son amour défunt, à la recherche de réponses qu’il n’a jamais eues, essayant vainement d’étreindre les mystères de Thomas, lui confiant par œuvres interposées sa tristesse, son incompréhension, sa blessure de trahison.

Ce film est adapté du roman de Philippe Besson qui porte le même titre et il n’est pas étonnant que l’auteur pose la question cruciale et parfois oubliée du destinataire :

Pour qui écrit-on ?
Entendons-nous bien : il ne s’agit pas, comme les faux auteurs à succès le pensent souvent désormais, de choisir sa niche, de calibrer un produit marketing en traitant les sujets dans l’air du temps.
C’est d’abord le « pourquoi » qui nous pousse à démarrer notre travail
d’écriture

Chercher pourquoi on écrit, pourquoi on se lance un jour ce fabuleux défi qui va nous demander de transcender nos doutes, de chercher l’eldorado du mot juste, de traquer la maladresse de style, de se retrouver dans une écriture qui nous ressemble, est bien sûr essentiel.

Mais il est tout aussi intéressant à mon sens de se rendre compte que, ce qui va nous pousser à aller jusqu’au point final, c’est bien la personne à qui l’on s’adresse.
La mère qui ne nous a pas comprise, le partenaire qui nous a quittée alors qu’il y avait encore tant à se dire, l’ami dont on a compris trop tard que peut-être on l’aimait d’amour…
Alors oui, je crois que j’écris toujours en pensant à quelqu’un.
Que ce quelqu’un ne se formalise pas ; mes pages sont juste la preuve que quelque chose d’important a existé. Mes mots se glissent dans les interstices de l’histoire.
Arrête avec tes mensonges ! tel est le nom du livre et de l’adaptation filmique. Des mensonges, les histoires que l’on raconte ? non ! Juste une idée de la réalité, une vision du monde. « Écoute ce que j’ai encore à te dire, comment j’ai vécu cet épisode… »
Peu importe alors que la vérité se cache derrière la fiction. À mon avis c’est encore mieux et cela lui permet encore plus d’émerger.
Une condition : que notre livre ne se fasse pas portrait à charge, vilaine caricature qui trahit la personne et la relation.
Et vous, pour qui écrivez-vous ? Qu’avez-vous envie de dire à cette personne ?
C’est peut-être le fil rouge de votre prochain livre…
C’est le moment de prendre votre journal d’écriture et d’exprimer votre Vérité. Si vous le souhaitez, vous pouvez, partager dans les commentaires les émotions que vous avez éprouvées en faisant l’exercice.

Délicieuse quinzaine !

À vos stylos ! 
Dominique